Né à Suresnes en 1965, Philippe Dollo a travaillé comme photographe free-lance pour la presse depuis 1990. En 1997 il s'installe à New York comme correspondant pour Opale, l'agence photo spécialisée en portraits d'écrivains, et poursuit ses voyages photographiques en Europe, Amérique, Inde et
Afrique.
Ses travaux principaux comprennent ''Les Dollo de Dini'', une étude sur un village Dogon au Mali et aux Etats Unis, deux projets personnels à long terme: ''New York The Fragile City'', et ''Le Mariage Américain''. Son travail, régulièrement exposé et publié, fait partie des collections permanentes de la Fondation LUMA, de la Brooklyn Public Library, des Musées de la Photographie de Rochester New York et de Charleroi en Belgique ainsi que du ''Museum of Fine Art de Houston'' Texas. Sonpremier livre, ''L'Ile Dollo'' avec l'écrivain Frédéric Yves Jeannet, a été publié aux Éditions Leo Scheer en mars 2005. En 2009 il rentre en Europe et enseigne la photographie à l'Institut Français de Prague. Après deux projets à long terme: ''Prague ou le deuil inachevé'' et ''Berlin 88+25'', il réalise ''AîtreSudète'', un livre objet sur les ''Sudetenland'' Tchèques. Après un séjour de deux ans à Londres, il vit depuis juillet 2015 à Madrid avec sa famille et travaille sur les conséquences et les traces invisibles de la guerre civile de 1936 et de la dictature dans l’Espagne contemporaine.
NO PASA NADA El Silencio, un labyrinthe espagnol
Dans ce portrait d'une Espagne contemporaine à travers le schème du "silencio", No Pasa Nada cherche à mettre en image une particularité profonde et unique affectant l'ensemble de la société espagnole depuis presque un demi-siècle. Ce "Silence" n'existe pas officiellement en Espagne et pourtant sa simple évocation trouvera systématiquement dans toutes les régions, une résonance propre dans le passé intime de chaque famille. A la mort de Franco en 1975, le pays s'engage sous l'égide de son successeur désigné, le roi Juan Carlos, dans une transition démocratique pacifique qui sera saluée dans le monde entier. Le succès de cette mutation unique et particulière aura un prix: "el pacto del olvido", le pacte de l'oubli.
Excès, violences, exactions, repressions, crimes et massacres datant de la guerre civile et de la période dictatoriale sont amnistiés. Un voile pudique, fragile mais constant va recouvrir les horreurs commises, enfermer d'un coup les cadavres dans les placards et transformer du jour au lendemain les fascistes de l'ancien régime en champions exemplaires de la démocratie. Alors que le pays se libère dans les excès de "la movida", le "silencio" va emmurer pour des années la mémoire a étouffé toute possibilité de résorption des épreuves subies. Le passé est le passé, ce qui compte est de se concentrer sur le présent, de se tourner vers l'avenir. En 2002, la chape du silence se craquèle lors des premières ouvertures des fosses communes, puis avec la promulgation de la loi sur la mémoire historique en 2007. Mais malgré de réguliers événements à la portée hautement symbolique comme la sortie récente du documentaire "le silence des autres" de A.Carracedo et R.Bahar ou le transfert de la dépouille de Franco hors de la vallée de Los Caïdos, l'Espagne reste encore solidement prisonnière dans le labyrinthe schizophrénique du "silencio"