Session #1 ― Paris 2023
La Session #1 du Prix Mentor 2023 s'est déroulée à Paris à la Scam le jeudi 9 mars.
Nous avons le plaisir de vous annoncer les deux premières lauréates du Prix Mentor de cette année :
Mila Nijinsky a reçu le vote du jury avec sa série Queer Family
Salomé Hévin a reçu le vote du public pour sa série Paradis
Ils participeront à la finale du Prix Mentor 2023, qui aura lieu le 7 décembre à Paris, à l'Entrepôt, Paris 14e.
Nous remercions les membres du jury qui ont donné leur temps et expertise. Pour cette session nous avons eu le plaisir d’accueillir :
– Sylvie Dannay - Rédactrice Photo, La Croix
– Simon Ruben - Responsable, CFPJ Média
– Béatrice Tupin - Directrice, Festival Les Femmes s'Exposent
– Steven Wassenaar - Photographe, Commission des Images Fixes, La Scam
– Camille Leboulanger - Curatrice et Administratrice, Freelens
Merci à tou·te·s les autres candidat·e·s qui ont participé à cette session pour la qualité de leur travail :
– Gaëlle Astier-Perret, La terre a des yeux, surgissent nos fossiles
– Nicolas Hrycaj, Après les fleurs
– Sarah Leduc, Elpis
– Maylis Rolland, Enfances bas carbone
– Caroline Ruffault, Looking for connections
© Mila Nijinsky Finaliste du Prix Mentor 2023 Paris
© Salomé Hévin Finaliste du Prix Mentor 2023 Paris
FINALISTE DU JURY : MILA NIJINSKY AVEC SA SÉRIE QUEER FAMILY
Queer est un mot anglais signifiant « étrange », « peu commun » ou « bizarre », il est utilisé pour désigner l'ensemble des minorités sexuelles et de genres : personnes ayant une sexualité ou une identité de genre différentes de l'hétérosexualité ou la cisidentité1,2.
Le vocable queer qui convoque l'extravagance, le hors-norme, a longtemps été une injure homophobe avant que les militants américains du mouvement homosexuel, au début des années 1990, ne s'approprient ce terme pour se désigner eux-mêmes, et lui attribuent une connotation positive."
-Définition Wikipédia-
Queer, freaks, trash...
Des mots qu'utilisent certaines personnes pour me désigner moi ou les personnes que je prends en photo avec mes appareils argentiques. Iels sont mes ami.es, ma famille.
Moi, je ne cherche pas à me définir.
Je n'aime pas les petites cases, je crois que je n'aime pas trop ces mots non plus.
Que ce soit chez moi, en France, ou durant mes voyages dans le reste du monde, d'une Nouvelle-Orléans extravagante à un Patan traditionnel au Népal, les personnes que j'y croisent et avec qui il se crées un lien, ce sont elleux.
Je ne cherche pas à leur donner un nom, je veux simplement qu'on puisse les voir.
Mila Nijinsky développe depuis une quinzaine d’années un travail graphique mêlant plusieurs techniques photographiques, picturales et plastiques. Titulaire d’un master d’art contemporain, iel fusionne ses activités de photographe, de modèle et d’artiste visuelle dans une perpétuelle recherche dont les différents éléments se nourrissent et se complètent. Sincères, intimes et nécessaires, ses productions donnent une dimension documentaire, et sensible à son monde coloré, saturé, pluriel, érotique, rêvé, calme et douloureux. Ancré.e dans une pratique organique et viscérale, Mila Nijinsky n’utilise que des procédés analogiques, de l’argentique au Polaroid en passant par le collage, dans une démarche « réelle » pour révéler l’instant, ne pas l’oublier, tout en interrogeant son identité et celle des autres.
Mila voue une passion pour le polaroid, médium qu'iel aime transformer et manipuler: transfert, peinture, détérioration chimique, iel altère et se joue de la matière afin de conter différentes histoires.
Officiellement, Mila Nijinsky vit et travaille à Paris, officieusement, iel s'est construit un nid sur roue pour se déplacer à la rencontre des belles âmes à photographier, iel viendra à vous où il faudra l'attraper au vol durant ses voyages magiques.
FINALISTE DU PUBLIC : SALOMÉ HÉVIN AVEC SA SÉRIE PARADIS
Lors du Xe Congrès Pan-ecclésiastique sur le Service Social, le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe a suggéré que les femmes ayant l'intention d'avorter devraient plutôt choisir de confier leurs enfants à des foyers orthodoxes.
Une grande partie de ces institutions ont été créées entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, alors que la Russie traversait une crise profonde. À une période où les enfants des rues étaient légion, l’Église s’est attelée à la tâche d’assister les plus vulnérables, comblant ainsi le vide laissé par l’Etat.
Aujourd’hui, ces lieux ont évolué. Ils accueillent non seulement des orphelins, mais aussi, de plus en plus, des adolescents considérés « difficiles », confiés à ces institutions dans le but d’être « corrigés », « remis sur le droit chemin ».
Prières, labeur quotidien, exercices physiques, organisation hiérarchique... Le quotidien de ces institutions s’inspire aussi bien de celui des monastères que celui des armées. Au sommet de la pyramide se trouve le prêtre, dont l’autorité au centre est totale et jamais discutée.
Je me suis intéressée à un lieu en particulier, et à un groupe d’adolescents, souvent bien ancrés dans la modernité et très connectés via les réseaux sociaux. A travers mes images, ce sont des impressions et des émotions que je veux faire ressortir. La coexistence d’une certaine tendresse et d’une certaine violence, de l’ancien et du moderne, et celle d’un huis clos qui n’est pas seulement physique, mais qui est aussi celui des esprits.
Réalisatrice par formation, je me suis tournée vers la photographie à partir de 2016 après avoir déménagé en Ukraine, puis en Russie. J’y ai réalisé des séries photographiques, dans le Donbass (Ukraine) et dans la région de Perm (Russie).
Ma pratique est principalement documentaire, avec une prédilection pour les travaux au long cours et le portrait. La quête de l’intime est au cœur de ma démarche. L’appareil photo est un alibi pour provoquer la rencontre et un outil permettant de la documenter. Toutefois, ma pratique se détache du documentaire classique : j'utilise le médium photographique pour explorer l'intime, inventer une poésie du quotidien aux notes impressionnistes. Je travaille de manière intuitive, en immersion.