top of page
Fin-Freelens-02.png

Session #1 ― Bordeaux 2023

La Session #2 du Prix Mentor 2023 - Bordeaux, en collaboration avec le Festival Itinéraires des Photographes Voyageurs, s'est déroulée le vendredi 7 avril à l'Espace Saint Rémi au 4 rue Jouannet.

Nous avons le plaisir de vous annoncer les deux lauréats du Prix Mentor de cette année :

 

Elie Monferier reçu le vote du jury avec sa série Sang Noir

Hugo Weber a reçu le vote du public pour sa série Mum

Ils participeront à la finale du Prix Mentor 2023, qui aura lieu le 7 décembre à Paris, à l'Entrepôt, Paris 14e.

Nous remercions les membres du jury qui ont donné leurs temps et expertise. Pour cette session nous avons eu le plaisir d’accueillir :

 

Nathalie Lamire Fabre, Fondatrice - Festival Itinéraires des Photographes Voyageurs

Anna Maisonneuve - Journaliste culturelle - Junkpage

Jacques Sierpinski - Directeur - Festival ManifestO

David Siodos - Photographe - Lauréat Mentor 2022

Sophie Knittel - Présidente - Freelens

Monferier Elie Sang Noir-6 copie.jpg

© Elie Monferier Finaliste du Prix Mentor 2023 Bordeaux

Merci à tou·te·s les autres candidat·e·s qui ont participé à cette session pour la qualité de leur travail :

Cendre, Métamorphique

Anne Desplantez, Parce que, Ici

– Lionel Molina, Dasso Hei

Maya Paules, Solatalgia

– Anaïs Ondet, Sans Soleil

FINALISTE DU JURY : ELIE MONFERIER AVEC SA SÉRIE SANG NOIR

Monferier Elie Sang Noir-1.jpg
Monferier Elie Sang Noir-14.jpg
Monferier Elie Sang Noir-19.jpg
Monferier Elie Sang Noir-5.jpg

Passer la frontière. Tenir pour incertitudes ces fragments de réel qu'on arrache à la vie. Sonder les profondeurs millénaires de ce qui fut sans lumière. Dans la douleur et la confusion des chairs, aborder l'enchevêtrement furieux du vivant et des mots qu'on voudrait lui opposer pour le mettre au pas. Intensément vivre. Excéder le langage qui trahit toute chose. De là d'où personne ne revient revenir. Se frotter à la démesure, au vertige, à l'errance qui font de l'anodin et du dérisoire une menace. S'enfoncer dans la nuit. Faire rouler sur sa langue des mots comme des éclairs. Appeler l'inconnu. Laisser aux autres toute la place nécessaire pour mettre un peu d'ordre ici et là, dans ce fatras d'images, de sensations, d'attentes, d'illusions. Cerner le vide. Circonscrire l'absence. Poser pour inaccompli le moindre geste et ne se satisfaire que de l'inachevé, de l'insuffisant, de l'incomplet. Raconter une histoire qui ne finit pas. Ouvrir des brèches. Se défier de toute narration et des artifices avec lesquels on rend acceptable le monde. Embrasser le saccadé et l'impermanent. Réfuter toute logique discursive. Démentir et déjouer toute morale, toute croyance, toute justification qui voudraient contenir l'élan vital, le frisson organique porté à son expression la plus cruelle, la vie sauvage. Redevenir sauvage. S'enivrer de réel et d'ombre. S'éblouir d'infini. Ne rien laisser passer. Poursuivre l'autre jusqu'à se perdre et au plus profond des bois ne trouver que soi-même. Revenir sale, puant, amoché. S’exténuer et continuer. Payer le prix s'il le faut même si ce n'est qu'une illusion de plus, un commerce de soi à soi. Perdre le contrôle. S'autoriser de tout et sans concession. Se détourner des attentes que l'on s'impose pour mieux les empoigner. Faire des images. Avoir la conviction que seul ce geste importe. Dévier de route. S'éloigner de la voie droite. Toujours rejoindre l'orée du bois ou la nuit. Se tenir à l'affût. Arpenter la distance infime qui nous sépare du monde. Ne pas se limiter à un seul espace. Passer les barbelés et s'écorcher le regard, les mains. Ne pas céder aux réponses séduisantes et faciles. Subvertir l'attente. Estimer le lieu commun pour ce qu'il est, une servitude à briser, un comportement d'énonciation grégaire et avilissant. Être la bête sauvage qui rôde alentour. Jouer le jeu pour mieux approcher le troupeau. Bondir et mettre en déroute ses propres habitudes, ses propres règles. Être affamé. Engloutir avec la même ardeur l'évanescent, les cigarettes, le vin, les corps. Se remplir d'ombre. Se bâfrer d'absolu. Et continuer d'avancer ainsi, recherchant l'épuisement, la limite physique, parce que derrière se tient peut-être la vérité. Ne rien savoir. Creuser la surface des choses pour trébucher. Se déchirer la peau dans les ronces. Hurler pour entendre en retour l'écho de sa propre présence qui se perd dans les bois. S'enfoncer plus avant. Rejoindre l'enthousiasme incommensurable et sanglant de la nature, le jaillissement qui emporte tout. Ne rien comprendre de cet instant qui vous renverse, de cette vie brutalement là, mais faire des images pour plus tard, parce que la vie et sa confirmation par l'image sont devenues indissociables. Regarder plus tard ce que l'on n'a pas vu, ce que l'on ne pourra pas voir. S'éloigner toujours plus du réel pour retrouver plus de réel. Désirer, chasser. Embrasser dans un même mouvement l'indéfini et l'incertain. Mettre en place des stratégies. Élaborer et capter l'accidentel. Accompagner le mouvement. Faire feu et ne retenir du tir que l'expérience. Laisser advenir un possible. Multiplier les prises, mordre à pleine dents, relancer sans cesse le danger d'un retour de réel, faire en sorte que la situation déborde. Chercher la limite après laquelle, la franchissant, le monde n'est plus qu'un vaste embrasement. Communier dans la violence. Être humain. Lutter par l'expérience contre cette violence plus grande encore faite à l'humain qui consiste à le distraire et à le conforter dans ses certitudes. Faire bouger les lignes. Se heurter au monde. Arrêter des inconnus s'il le faut et furieusement les faire parler. Écouter comme si c'était la toute première fois. Faire des images mais ne les considérer que comme prétexte à cette possibilité d'existence. Faire un bout de chemin ensemble et ne plus voir dans l'image que cela. Arpenter avec l'autre la distance qui nous sépare. Faire revenir des portraits depuis cette distance. Chasser de la même manière. Chercher l'existence dans la pluie qui glace les visages, dans les fouillis de fougère, dans la boue impraticable. S'enfoncer plus avant. Fouiller le recul indéfini des solitudes. Tenir en joue l'irrésolu. Refuser le monde étriqué des apparences. Revendiquer la vie. Tuer. Se tuer s'il le faut. Tutoyer l'immensité. Intensément être. S'extraire avec fracas de la crainte du lendemain, de la frustration, du jugement. S'éloigner tout crotté et hagard vers un ailleurs toujours renouvelé. Exister en alerte permanente. Ne se contenter de rien. Régler ses comptes. Désirer la bête, chasser l'étreinte. Sauter dans le vide. Ne plus être retenu par la moindre limite. Ne plus discerner aucune honte, aucune peur. Être totalement nu. Parler à coups de poing. Toucher des mouvements de branches. S'enténébrer. Avancer à tâtons. Persévérer dans la douleur. Aller au-delà de soi. N'exister que dans la rencontre du monde. Vivre. Étreindre le doute effroyable. Agir. Agir encore. Être un incendie. Mettre en image la nuit furieuse qui coule dans les veines. Entrer dans la chambre des morts.

Elie Monferier est un artiste visuel, designer de livre et photographe français né en 1988. Membre du collectif LesAssociés, il privilégie une approche photographique immersive fondée sur le doute, l’instabilité et l’intensité, et situe son travail à la jonction entre documentaire et lyrisme. Concepteur de livres de photographie, il collabore régulièrement avec différents éditeurs et photographes sur la direction artistique et réalise également des livres d’artiste reliés à la main. Son premier livre, Sang Noir, livre d’artiste relié à la main, a été élu « Meilleur livre de photographie de l’année 2020 » à PhotoESPAÑA dans la catégorie auto-édité.

Il y a dans le geste photographique quelque chose d'inachevé, d'insuffisant et d'incomplet qui s'oppose à la logique discursive et aux artifices avec lesquels on rend acceptable le monde. Photographier, c'est démentir et déjouer toute morale, toute croyance, toute justification qui voudraient contenir l'élan vital, le frisson organique porté à son expression la plus cruelle. Je fais des images mais je ne les considère que comme prétexte à cette possibilité d'existence."

FINALISTE DU PUBLIC : HUGO WEBER AVEC SA SÉRIE MOM

Mentor_Partenaires.png
_21_00986.jpg
20191017001agnesweber.jpg
13---HUGO-WEBER---Maman-t-es-ou_-13B.jpg

My mother and I have always had a very peculiar relationship. I’m the son of a French teenage single mother who always tried to let me be independent from her and from anyone else, even if she has to hurt me.

My mother was born in Aubervilliers in 1983, she has had a very complicated life, her mother abandoned her to my grandfather along with her siblings when she was an infant, my grandfather not being able to take care of her she grew up first in the family home and then with her grandmother until she was 16, the age at which her grandmother died and she went to live with her brother.

Thereafter she fell in love and became pregnant at 18 with an abusive man from whom she fled, meanwhile working as a photographer in a small studio in Paris.

Our relationship was peaceful in childhood although we were in a rather precarious condition, things get worse when she falls in love with an Italian man and we move to Milan,.

After adolescence everything became very complicated, both because I was very rebellious and because my mother suffered from a severe aggressive drinking problem that meant that we didn't talk to each other for years after she kicked me out of the house when I was 19.

In 2015, when she was just 42 years old she had a stroke that caused her physical and psychological consequences, and still today she is partially handicapped and she also has several memory issues.

The most touching thing for me was that the illness had killed her free and proud side, showing me a new image of my mother, completely harmless and in need for help.

Since that day we used photography as a therapy to give her a toll to accept her new condition of being always dependent from someone else and also to find her life back, thought her notes, her diary, the  old  pics,  in  order  to  find  that part of herself that she lost through her illness.

This new therapeutic tool has radically changed our relationship; we have made new emotional connections and dialogue through images, both hers from her archives, past and present, and the ones I take every time I see her.
We are now deeply connected by photography, and I could not disassociate it from this new relationship we have; The fact that she is also a photographer makes her deeply understand and respect what I do.

With this project I would like to show the research I am doing about myself and my origins through the complicated, strange, and intense relationship I had, and still have, with my mother and photography.

For  the  very  first  time  in  my  life  I saw my mom as a woman and not just as a mother, and me as a son and not just as myself.

 

My name is Hugo Weber and I was born in Paris in 1993.
As a child I moved to Milan where I obtained a professional diploma in graphic arts.In 2015 for a year I am Alex Majoli's assistant and since 2018 I dedicate myself exclusively to photography in different roles.


I published my first book "5341" in 2019 and soon my second book "Monika des Gravats" will be released.
I currently work as a Photographer, curator, executive producer of exhibitions and exhibition designer.

Mentor_Partenaires.png
bottom of page