DOSTA
En septembre 2015, je me rends au quai de la Gabelle à Arles, dans des aires d’accueil pour les voyageurs dans le sud de la France. Je ne savais pas vraiment ce que je cherchais. Des journées d’hiver passées ensemble, nous nous sommes découvertes l’une l’autre avec tendresse. Certaines m’ont confié leurs silences. Une note majeure domine: leur dignité.
Au mois de mai, pendant le pèlerinage des Gitans aux Saintes Maries de la Mer, je rencontre par hasard, parmi 15 000 personnes, Esmeralda Romanez, femme manouche âgée de 69 ans. Cette grande âme au cœur vaillant combat les injustices faites aux démunis depuis plus de trente ans.
En aout 2016, lors d’une journée passée chez elle, à faire du monde une poésie, elle décida spontanément de me confier une magnifique mémoire …le témoignage de sa tante Marie, internée dans différents camps de concentration en France pendant la deuxième guerre mondiale. Ce témoignage saisissant et bouleversant raconte comment elle n’a même plus de larmes pour pleurer la mort de ses enfants. C’est une mémoire pour la jeunesse tsigane, un message universel pour l’humanité contre la barbarie. Un message de Paix, de dignité, un cri d’amour pour nous rappeler que seul le moment présent existe.